La géographie historique au service de la nation, 1880-1910 : le cas Auguste Longnon

Abstract

L’institutionnalisation de la géographie historique à l’Université, à la fin du XIXe siècle, représente l’aboutissement d’un processus de légitimation entamé depuis la Révolution française. Le récit historique de la Nation correspond désormais à une épopée du territoire français, conçu dès les origines comme un espace idéalisé et prédestiné à devenir la France. L’essence de la Nation, sa permanence, ne s’incarne pas dans une race mais dans un pays, des frontières ; c’est à l’intérieur de ceux-ci que s’effectue le mélange vertueux des populations, ils forment la matrice de la nationalité. Les travaux d’Auguste Longnon illustrent par excellence le succès d’un tel discours. Cet historien et érudit, à la carrière originale, défend une approche strictement territoriale de l’histoire de France, centrée sur la permanence du pagus. Et pour assoir ses thèses, il développe une méthode novatrice, la toponomastique, dans laquelle le matériel toponymique devient à la fois un fait à collecter et une preuve mobilisable dans l’argumentaire historique.